• Le consumérisme - Ses ressorts

    Un article d'Alain LEDAIN

    « A force de vouloir posséder, c’est nous-mêmes qui sommes devenus possédés. »
    Victor HUGO
    « Augmenter son avoir, c’est perdre son être. »
    Jacques ELLUL
    « Si tu trouves du miel, n'en mange que ce qui te suffit,
    De peur que tu n'en sois rassasié et que tu ne le vomisses.
    »

    Livre des Proverbes (25 : 16)

    D’après (entre autre) un article de Michel SOMMER paru dans la revue « HOKHMA », n° 92

    Chroniques du dimanche 2009-2010Le cadre : la société industrielle de consommation

    Soyons justes : la société de consommation n’est pas sans bienfait. Elle permet l’accession au choix et la diversité des biens, le confort et le bien-être à grande échelle. Toutefois, il est à remarquer qu’elle laisse une partie de la population sur le carreau (fracture sociale ).

    Ainsi, en 2006, 7,9 millions de français, soit 13,2 % de la population vivaient sous le seuil de pauvreté. En septembre 2008, on comptait entre 1,7 et 3,7 millions de travailleurs pauvres en France. Calvin pensait que priver quelqu’un de travail est un crime. Que dirait-il d’une société où des travailleurs ne peuvent vivre décemment ?

    En février 2010, la fondation Abbé-Pierre publiait des chiffres accablants : 3,5 millions de personnes sont mal ou non logées (dont 100.000 SDF…) et plus de 6,6 millions sont en situation de réelle fragilité.
    (Source : http://www.fondation-abbe-pierre.fr/_pdf/rml_10_chiffres.pdf)

    Les bienfaits de la société de consommation ne sont manifestement pas pour tous.

    Parallèlement, cette société laisse à penser que nous ne consommons plus pour vivre mais que nous vivons pour consommer. Croire à cela, c’est passer de la consommation – qui est nécessaire – au consumérisme, qui est un style de vie.

    Qu’appelle-t-on « consumérisme » ?

    Le consumérisme n’est pas que l’acte de surconsommation : c’est un état d’esprit caractérisé par la recherche de la consommation comme mode de vie, voire comme sens de l’existence. « Je suis né pour consommer ! ». La consommation n’est plus un moyen mais une fin en soi.

    Il constitue un des aspects les plus importants de notre culture ambiante. Il nous fournit « des articles de divertissement pour tromper notre angoisse devant la perte de sens. »
    (Source : Christine Boutin « Chrétiens de l’audace pour la politique » page 165)

    Il pousse à consommer des objets de façon vorace et frénétique, mais aussi des expériences, des émotionsIl fonctionne comme une idéologie, comme une vision du monde, comme une mentalité qui imprègne peu à peu les moindres recoins des pensées, des désirs, du comportement et même des relations... « On y adhère peu à peu, sans douleur ni vraie réflexion. »

    Le consumérisme est une perversion sous bien des aspects  :
    • Nous venons de le dire, il fait de la consommation une fin (au lieu d’un moyen) : vivre pour consommer.
    • Il  est sous-tendu par une vision matérialiste de la vie.
    • Si on n’y prend garde, nous finirons par croire que la véritable pauvreté est dans le manque… de superflu ! Suprême insulte des vrais pauvres.

    • La joie, est-ce vraiment l’un des aspects du fruit de l’Esprit ? La joie, n’est ce pas BMW ? La joie n’a-t-elle pas une adresse ?

    Oui, le consumérisme est une idolâtrie majeure  qui remplace, dans les hypermarchés, le Royaume de Dieu par le royaume du vide.
    (Source : D’après « Pour un Christ Vert » d’Hélène et Jean Bastaire – Editions Salvator)

    Pour prendre conscience de son emprise, voici quelques uns de ses ressorts :

    LE PLAISIR A TOUT PRIX ("Parce qu'on ne plaisante pas avec le plaisir.*")Alain LEDAIN
    * Slogan des publicités pour les produits "Présidents".

    Quand il n’est pas aimé plus que Dieu, le plaisir n’est pas nécessairement un problème. Il n’en est pas de même du plaisir à tout prix.

    Le consumérisme joue à fond sur le plaisir de consommer. On consomme, non seulement par utilité, mais pour combler des désirs. Il y a une véritable quête de plaisir ; plaisir qui favorise certains secteurs : les loisirs et les nouvelles technologies notamment.

    En septembre 2005, une étude  révélait que « 60% des Français associaient la notion de consommation au plaisir. Ils étaient 85% à souhaiter que leurs actes d’achat deviennent davantage un plaisir. »
    (Etude d’ASTEROP menée par TNS SOFRES sur la perception des Français des nouveaux horizons de la consommation.)

    Derrière les comportements consuméristes, il y a une philosophie : l’hédonisme. L’hédonisme, c’est la  doctrine philosophique selon laquelle la recherche du plaisir et l'évitement du déplaisir constituent des impératifs catégoriques . Ce qui ne procure pas de plaisir est à ignorer. Les notions de bien et de mal sont ainsi remplacées par celles de plaisir et de douleur.

    Avec le plaisir et le slogan « Le plaisir, c’est de changer de plaisir. »,  que devient alors la notion chrétienne de fidélité ? Si un ami, une amie ou mon conjoint ne m'apporte plus de plaisir, est-ce que je m'en sépare pour passer à la prochaine expérience de plaisir ?

    Au plan sexuel, vous pourrez lire le livre de Jean-Claude Guillebaud, « La tyrannie du plaisir » .

    Au plan spirituel, quitterai-je mon église locale quand elle ne m’apportera plus ma dose de plaisir, c’est-à-dire ma dose d’émotion qu’au passage je confondrai avec l’action du Saint-Esprit ?

    Je ne sous-entends pas que l’engagement conduit à la tristesse. D’ailleurs, la tiédeur ambiante peut être le signe d’une église qui se meurt. Ce que je blâme ici, c’est le « papillonnage » de certains chrétiens, allant d’église en église, à la recherche constante de nouvelles émotions. Si j’adoptais une telle attitude, je démontrerais que je suis sous l’influence d’autres maux de notre époque : l’égoïsme individualiste, la perte du sens de la communauté et, ce qui va de pair, la perte de sens de l’engagement. Rappelons que la réconciliation avec Dieu naît d’une démarche individuelle. Mais, n’oublions pas qu’elle permet d’intégrer une communauté, une race, une nation, un peuple : l’Eglise.

    1 Pierre 2 : 9-10 : « … vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis… vous qui autrefois n'étiez pas un peuple, et qui maintenant êtes le peuple de Dieu… »

    L’engagement ne doit pas conduire à la tristesse. D’ailleurs, la tiédeur ambiante peut être le signe d’une église qui se meurt. Ce que je blâme ici, c’est le « papillonnage » de certains chrétiens, allant d’église en église à la recherche constante de nouvelles émotions.

    Dans la préface de son livre « Espérer contre toute espérance », le pasteur Philippe AUZENET écrit : « Cet état d’esprit et ce comportement en viennent même à influencer quelque peu le peuple de Dieu, qui lui aussi est secoué par une véritable frénésie, cherchant le plaisir spirituel immédiat et la satisfaction de ses besoins du moment, au lieu de se tourner en tout premier lieu, et dans un esprit de sacrifice, vers l’adoration de Celui qui représente le bonheur et la perfection. À doses infinitésimales, le culte religieux du moi tend à remplacer progressivement le culte de Dieu. »

    Que devient la notion de sacrifice quand c'est le principe plaisir qui domine, quand la souffrance et le renoncement sont à éviter impérativement ? Que dire de la mort de Jésus qui est le sacrifice parfait ? Pourquoi offrir nos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu   ? Que penser de ceux qui ont consenti à mourir pour témoigner de leur foi, plutôt que d’abjurer ?

    En complément, lisez la page suivante écrite par David MARTORANA...

    Remarquez que dans notre société sans Dieu, l’hédonisme s’impose. C’est la déduction logique à laquelle est arrivé l’apôtre Paul : « Si les morts ne ressuscitent pas, mangeons et buvons car demain nous mourrons. » (1 Corinthiens 15 : 32)

    L'IMMEDIATETE DU DESIR (parce qu' "il est urgent de se faire plaisir*".)
    * Slogan de la publicité "ShowRoom Privé . com"

    L'hyperconsommation est ce contexte dans lequel le désir de consommer ne rencontre plus de limite de temps et d'espace : tout est disponible à mon envie, à mon désir, à mes pulsions instinctuelles, compulsives, viscérales ; tout et tout de suite.

    Muni de ma carte bancaire, je peux me lever à 3 heures du matin et me procurer par Internet un objet de l'autre bout du monde. « Je le veux, je me l’offre. » C’est que la pulsion consommatrice « réclame sa dose à toute heure, dans une sorte d’impatience chronique . » (D’après l’article « Pour une société de frugalité » de François Brune)

    A propos du « Je le veux, je me l’offre . » : Cette phrase est tirée d'une publicité pour téléphone portable, parue en décembre 2001. C’est une jeune femme aux lèvres très « rouge baiser » qui le déclare. Ici, sont mis en parallèle pulsion d'achat et pulsion sexuelle (Analyse de François BRUNE).

    Ce parallélisme, nous le retrouvons dans le texte suivant : « Car, sachez-le bien : aucun homme qui se livre à l’inconduite, à l’impureté ou à la soif de posséder – qui est une idolâtrie – n’a d’héritage dans le royaume du Christ et de Dieu. » (Ephésiens 5 : 5)

    Il est à souligner que nous n’éprouvons plus aucun sentiment de culpabilité face à la soif de posséder, tant elle est légitimée par notre contexte – nous y reviendrons.

    « La course aux cadeaux de Noël est une période propice aux achats impulsifs » m’a écrit PayPal.

    Que devient le fruit de l'Esprit appelé maîtrise de soi dans ce climat, maîtrise de soi qui implique que je ne cède pas à toutes mes envies, à tous mes désirs ?

    « … l’envie est comme une maladie qui ronge les os. » (Proverbes 14 : 30b)

    « […] On nous fait croire | Que le bonheur c'est d'avoir | D'en avoir plein nos armoires | Dérisions de nous dérisoires […] Il se dégage | De ces cartons d'emballage | Des gens lavés, hors d'usage | Et tristes et sans aucun avantage. | On nous inflige | Des désirs qui nous affligent. » (Foule sentimentale – Alain SOUCHON)

    Notons que la perte de la capacité de travailler durement en vue d’un résultat lointain prometteur (perte due à l’intolérance envers le déplaisir) et l’exigence d’une immédiate satisfaction amènent à un manque de persévérance  et à un plaisir décroissant. On l’avait déjà compris, « un plaisir constant requiert des doses de consommation toujours plus fortes  » et « je n’ai d’envie que si l’on m’en donne  » (plaisir émoussé).

    Poursuivons notre réflexion.

    Dans notre contexte de mondialisation néolibérale et appuyée au milieu de nous, chrétiens, par une certaine théologie, une pensée domine : « tout est joué, nous n’y pouvons plus rien. » Triste résignation. Un effacement d’avenir qui nous amène à une perte d’espérance, à un sacre du présent, à un sacre du bonheur immédiat, à un sacre du « tout tout de suite ». Plus de construction de l’avenir, seulement l’immédiateté. En rejetant Dieu, en rejetant l’Eternel, plus d’éternité, plus d’avenir ! Un terreau rêvé pour le consumérisme.

    Un exemple typique et biblique : Ésaü. Genèse 25 : 29-34 : « Comme Jacob faisait cuire un potage, Ésaü revint des champs, accablé de fatigue. Et Ésaü dit à Jacob : Laisse-moi, je te prie, manger de ce roux, de ce roux-là, car je suis fatigué… Jacob dit : Vends-moi aujourd'hui ton droit d'aînesse. Ésaü répondit : Voici, je m'en vais mourir ; à quoi me sert ce droit d'aînesse ?... Alors Jacob donna à Ésaü du pain et du potage de lentilles. Il mangea et but, puis se leva et s'en alla. C'est ainsi qu'Ésaü méprisa le droit d'aînesse. »

    Le propos d’Ésaü est celui-ci : sans ce plat de lentilles, je n’ai pas d’avenir – je vais mourir de faim –. Le droit d’aînesse n’est donc d’aucune utilité. Je brade mon avenir pour la jouissance immédiate.

    Le verdict de Dieu est terrible : « Veillez […] à ce qu'il n'y ait ni impudique, ni profane comme Esaü, qui pour un mets vendit son droit d'aînesse. » (Hébreux 12 : 15-16)

    Nous devons nous libérer des bornes de l’immédiat et passer du temps quotidien, chronos, au temps de la sagesse, kairos.

    Voici comment l’Ecclésiaste appréhendait le temps :

    • « Il y a un temps pour tout, un temps pour toute chose sous les cieux... » (Ecclésiaste 3 : 1)
    • « Il [Dieu] fait toute chose bonne en son temps… » (Ecclésiaste 3 : 11)
    • « … il y a là un temps pour toute chose et pour toute œuvre. » (Ecclésiaste 3 : 17)
    • « Car il y a pour toute chose un temps et un jugement… » (Ecclésiaste 8 : 6)

    Des désirs réorientés

    Si le « tout, tout de suite » est néfaste, il n’en est pas de même du désir qui est vital. D’ailleurs, la perte de tout désir peut être le signe d’une dépression car nous sommes des créatures désirantes.

    Ceci étant, nos désirs vers les produits ne peuvent jamais nous satisfaire pleinement dans la durée : dès qu’un bien est acquis, l’insatisfaction consumériste réclame de faire de nouvelles courses pour acheter de nouvelles choses car aucun bien n’est une fin en soi, car aucun bien n’est ultime.
    Ce que je mets ici en évidence, c’est qu’il ne s’agit pas de ne pas avoir de désirs mais de les orienter en Dieu.

    Nous allons maintenant aborder l’impact de l’immédiateté du désir sur la sexualité et sur le politique.

    Consumérisme, plaisir, immédiateté et sexualité

    Selon la philosophe chrétienne Michela MARZANO, la sexualité et l’amour sont présentés « comme l’expression d’un échange quasi-économique fondé sur la consommation, le plaisir et la performance. Les discours et les représentations médiatiques encouragent ainsi les individus à se focaliser sur une satisfaction personnelle immédiate, sans considération du fait que la sexualité et l’amour… ne peuvent être réduits aux seuls éléments d’un système mécanique géré par la loi du marché. »
    (Source : « Et l’homme dans tout ça ? », Edition Emmaüs, pages 309 et 310)

    Quand le consumérisme atteint la sexualité, hommes et femmes se retrouvent à l’état d’objets sexuels à consommer, interchangeables, utilitaires, sans émotion, sans passé ni avenir.

    Consumérisme et politique

    Dans la préface du livre « Une société en quête de sens politique »  , Jean-Baptiste de Foucauld écrit : « Les sociétés modernes produisent plus de désirs nouveaux qu’elles n’en peuvent satisfaire. Les partis politiques surenchérissent dans leur offre de satisfaction. Résultat : déception, généralisation de la frustration et du mécontentement. »

    Selon cet auteur, les spiritualités doivent amener les ressources qui manquent aujourd’hui à nos démocraties, entre autre :
    - la capacité à la modération des désirs, là où le système économique les active sans cesse, au-delà même des possibilités  de  les  satisfaire,   ce  qui  engendre  un sentiment de frustration permanent ;
    - le sens du temps et du long terme, là où prime l'instant présent.

    En tant que chrétiens, je crois en effet que nous avons un rôle primordial à jouer. Nous amenons les ressources citées par Jean-Baptiste de Foucault et dénonçons les conditionnements, les manipulations et la falsification des valeurs.

    C’est dire que notre foi est une nécessité pour la démocratie. Le consumérisme, lui, agit comme un totalitarisme dont l’instrument de propagande s’appelle la publicité. Cette dernière envahit tous les espaces : la télévision, la radio, Internet, les magazines… On ne peut pratiquement plus y échapper. En toute légitimité, elle viole les consciences en brisant tous les moyens de résistance des « cibles », c’est-à-dire des consommateurs. Elle anesthésie son gibier avant de le conduire à l’abattoir .
    (Source : D’après « Pour un Christ Vert » d’Hélène et Jean Bastaire – Editions Salvator, pages 35 et 36)

    Chroniques du dimanche 2009-2010L'INSATIABILITE, LA DEPENDANCE

    C'est le « toujours plus », « toujours mieux », « toujours autre chose », c’est la tyrannie du désir de posséder.

    L'insatiabilité existe depuis la chute mais dans notre contexte, elle est favorisée, légitimée et justifiée par la publicité.

    L’apôtre Jean écrit : « … tout ce qui fait partie du monde : les mauvais désirs qui animent l’homme livré à lui-même, la soif de posséder ce qui attire les regards et l’orgueil qu’inspirent les biens matériels, tout cela ne vient pas du Père mais du monde. Or le monde passe avec ses attraits… ».

    Aujourd’hui, ce qui est remarquable, c’est que la soif de posséder n’est pas liée à l’attachement aux produits. Tout au contraire : rien n’a d’importance ; on se débarrasse d’une chose pour en acheter une autre.

    Le contentement nous protège de la « convoitise des yeux  », c’est à dire du désir avide de voir ou de posséder ce que l'on voit. Mais attention : le contentement, ça n’est pas inné. L’apôtre Paul écrit aux Philippiens  : « J’ai appris le secret d’être satisfait en toute situation, rassasié ou ayant faim, dans l’abondance ou le besoin. »

    « La véritable foi en Dieu est une source de richesse quand on sait être content avec ce qu'on a. »  (1 Ti. 5 : 5)

    Ajoutons que tout détachement des biens matériels n’a de sens que s’il est remplacé par un attachement concret à Jésus et aux autres : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel. Puis viens, et suis-moi. » dira Jésus au jeune homme riche. (Matthieu 19 : 21)

    Ainsi, le détachement rencontré dans le consumérisme n’a-t-il aucune valeur car individualiste. Il ne rend pas davantage disponible à Dieu et n’a pas pour finalité une abondance de vie plus grande chez les autres.

    Ici, se remarque un grand principe : tout détachement crée un vide qui doit être remplacé par un attachement.

    Le commandement « ne consomme pas » n’a pas plus de vertu s’il n’est pas lié à la volonté de ne pas s’« embarrasser des affaires de la vie pour plaire à celui qui nous a enrôlé  » (selon 2 Tim. 2 : 4) ou à l’impératif de solidarité concrète pour autrui. Ne pas comprendre cela, c’est tomber dans un moralisme, un légalisme stérile.

    Je vais maintenant répondre à une double question : « Consommer, ne crée-t-il pas des emplois ? » et « comment ne pas consommer peut-il être une attitude de solidarité envers autrui ? »
    Rapidement, nous pourrions répondre : la consommation crée des emplois et moins consommer  n’est donc pas une bonne chose ; c’est même l’inverse d’une attitude de solidarité envers autrui.  Sauf que…
    Sauf que c’est oublier Li Chunmei, une Chinoise de 19 ans qui est morte après avoir travaillé sans interruption 16 heures par jour pendant 6o jours d'affilée, à fabriquer des peluches pour les enfants des pays « développés ». Nous avons acheté. Elle est morte.

    (Source : quatrième de couverture de l'excellent livre dont est inspiré la partie ci-dessus : « Être consommé » de William CAVANAUGH – Editions de L’Homme Nouveau.)

    « Consommer, ne crée-t-il pas des emplois ? » n’est pas une bonne question. Il nous faut la reformuler : « Consommer, crée-t-il de la dignité par l’emploi ? » Et là, la réponse n’est plus aussi évidente.

    Suite de cet article : Le consumérisme utilise un vecteur : la publicité

    Parce qu'on ne plaisante pas avec le plaisir
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  • Commentaires

    1
    nadiege
    Dimanche 29 Novembre 2009 à 20:11

    merci alain pour cette magnifique rubrique

    on tombe ds ds pieges subtils sans s'en rendre cpte

    que ntre Dieu continue a se servir de toi

    2
    Benoit.M
    Mercredi 9 Décembre 2009 à 08:08

    c'est toujours un plaisir de t'entendre, ta réflexion va droit au coeur et nous fait relever la tête avec courage, afin que nous chrétiens retrouvons dignités et fierté de témoigner et de faire des disciples au sein de notre génération.
    merci Seigneur de bénir ta famille... le Seigneur garde le meilleur vin pour la fin des noces.

    3
    hery
    Jeudi 17 Décembre 2009 à 00:13

    Salut Alain,

    Je viens de relire ton étude, et elle est de mon point de vue excellente.

    Je rappellerai simplement ce que je t' ai dit dimanche : Dieu utilise toutes choses, et la consommation ( je parle précisément des marques, de la publicité) elle-même, peut être un instrument de bien entre ses mains. Je m' explique :
    1-Travaillant moi-même comme vendeur de produits de luxe, j' ai pu observer l' aide "sociale" de la consommation : nombre de clients en effet, s' offrent des produits "chers" pour des raisons que j' estime bonnes : parfois pour se redonner de l' estime de soi, parfois comme soutien dans un moment douloureux ( divorce, séparation, échec d' examen...). Effet éphémère certes, mais qui peut se montrer salvateur face à la spirale descendante de la dépression.
    2- La consommation peut être un facteur de (re)construction psychologique. Il est important de se faire plaisir, et celà est particulièrement valable pour les gens qui ont eu un passé dans lequel on les a brimés et amoindris. Pour ceux qui souffrent de solitude aussi.
    3- Les cadeaux de valeur sont aussi un moyen d' expression de notre amour.

    Bon, comme tu le dis dans l' étude, le danger est surtout dans l' exagération je suis d' accord, mais j' aime me souvenir que notre Seigneur lui-même était amateur de belles choses (Jean 2:9-10, le vin ; Jean19:23-24, la tunique).

    Voilà Alain, mon "petit bémol".

    Merci en tout cas pour toutes tes chroniques, toujours claires, pertinentes et concrètes. Elles m' aident beaucoup dans ma vie chrétienne au quotidien.

    hery

    4
    ValérieM
    Jeudi 25 Février 2010 à 13:49
    Bonjour Alain,
    Merci pour tes chroniques bien étaillées et structurées. Enfin je me pose pendant la pause déjeuner pour relire tes chroniques ! Ton blog nous permet de relire attentivement et apprécié une nouvelle foi la sagesse que le Seigneur t'a donnée.
    Ton analyse nous permet de prendre du recul, peu importe le thème : mon préféré bien sûr : "Où sont passés les hommes?" J'avoue me poser des questions sur chacun de tes sujets. Ton étude, que je trouve très juste et profond, est suivi d'exemples précis, ce qui à mon sens est important pour imaginer le cas concret.
    Une chose qui je pense permettrait de marquer les esprits :A la fin de chaque session le dimanche, rappeler les points que tu viens de traiter (ex 1...-2...-3...).
    Merci encore pour ton travail inestimable. Tu es un très bon speaker, tout en toi "parle" de tes sujets lorsque tu prends la parole. Ton public reste en haleine du début à la fin ! Bravo !
    Bonne continuation ! Valérie
    5
    Dimanche 5 Août 2012 à 18:10

    Je me suis permis de prendre une partie de votre article sur le relativisme. Il paraîtra sur mon blog samedi 11 août 2012. Je mets votre blog en favori et en lien sur le mien. J'apprécie votre enseignement. N'hésitez pas à visiter mon blog aussi. Bien fraternellement. 

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