-
L’évolution de la société confrontée à une offre scientifique de plus en plus avancée
Un article d'Hélène TERROM
La thématique de ce texte nous invite à réfléchir sur l’évolution de notre société confrontée à une offre scientifique de plus en plus avancée qui n’est pas sans conséquence sur notre l’humanité.
La technique scientifique permet aujourd’hui à l’homme de se vivre philosophiquement à l’égal de Dieu. En donnant à des couples stériles des enfants, en éliminant ceux qui dérangent, ou en se débarrassant des plus faibles par le diagnostic prénatal, l’homme passe d’un état de procréateur à un état de créateur. Philosophiquement il acquière un pouvoir tout puissant sur la vie humaine, mais obère ainsi son humanité et sa capacité à vivre en société.
Bien qu’elles ne soient jamais remises en causes, puisqu’elles vont dans le « sens de l’histoire », ces techniques n’en posent pas moins des problèmes éthiques et politiques importants.
En proposant à des êtres en souffrance un bonheur que leurs limites les empêchent de vivre, elles favorisent en réalité une transformation de l’humanité et une éradication des êtres les plus faibles. Il s’agit d’un néo-darwinisme scientifique.
Ainsi, contrairement à son nom, la PMA n’est pas un acte médical, mais un acte technique fait par les médecins. Et c’est une différence fondamentale. Il ne s’agit pas de guérir un homme mais d’éradiquer les limites humaines qui font notre définition. La technique ne prend pas soin de tout l’homme, mais le traite pour le transformer. Le désir individuel prend le pas sur notre définition humaine.
Et en nous coupant de notre définition d’homme procréateur imparfait, le tout technique vient également fragiliser les fondements de notre pacte social.
Comment ? Pourquoi ? La question est simple : une société d’hommes technicisés peut-elle exister ? Non. Ce sont les limites de l’homme et ses faiblesses qui lui permettent de vivre en société. Pourquoi ?
Parce qu’à l’inverse de l’homme limité, l’homme tout-puissant, omnipotent, n’a pas besoin de la relation humaine pour vivre. Il se suffit à lui-même, à l’égal de Dieu il est sa propre finalité. Il comble ses propres désirs, et rien que ses désirs. La relation sociale lui apparait dès lors comme un acte condescendant dans son sens premier – qui descend vers – le prochain, sans interaction, puisqu’il n’y a pas égalité dans l’échange, puisqu’il n’y a pas besoin partagé. Sans frustration c’est-à-dire sans jamais reconnaitre que chaque homme est unique dans ses limites et que d’autres peuvent venir les combler pour le bien de la société, il est impossible d’envisager un bien commun qui dépasse les intérêts individuels. Ainsi la société humaine, au sens politique la nation, ne peut pas être fondée sur autre chose que l’homme pris dans son humanité, dans sa faiblesse et dans ses limitations.
Le risque donc, en récusant les limites humaines par le « tout technique », c’est la déshumanisation de l’homme, et à terme, la fin de la société. Il y a une corrélation essentielle entre l’homme et la nation, entre l’unité de l’homme, et l’unité des hommes. C’est donc uniquement par l’acceptation de ses propres limites que l’homme peut envisager de réfléchir en termes de bien commun.
C’est ce « bien commun » que plus d’un million de personnes sont venus rappeler à chacune des trois grandes manifestations pour tous. C’est ce bien commun que nous voulons préserver en veillant. Et c’est ce bien commun qui est à la source de la création d’un nouveau courant politique.
« Prendre soin de tout homme, de tout l’homme » c’est la tâche que s’est assigné le courant pour une Écologie humaine qui a vu le jour à la suite des Manif’ pour tous. Nous avons tous pris conscience de la force que nous pourrions représenter, si nous arrivions à structurer ce désir de bien commun.
Le courant pour une Écologie humaine se veut métapolitique, hors des partis, fondamentalement basé sur l’homme, pris comme la mesure de toutes politiques. Il repose d’abord sur une implication concrète de tous ceux qui se retrouvent dans ces valeurs en veillant chaque jour à mettre leurs actes en accord avec leurs idées.
Mais ce courant est évidemment en train de s’organiser, afin d’être crédible sur la scène politique pour mettre en avant l’homme dans toutes ces dimensions. A l’image d’un parti politique traditionnel, il a vocation à émettre des propositions dans tous les domaines, politique, économique, sociétaux, écologique etc.
Des assises vont être organisées, un livre blanc édité. Et le week-end du 24 août, nous serons un certain nombre à nous retrouver pour poser les bases de l’action à venir.
A la Journée de lancement, le 22 juin dernier, deux mots ont été répétés. Le premier c’est l’enthousiasme : étymologiquement, l’inspiration divine. Dans la tradition chrétienne, qui est notre tradition philosophique occidentale, la figure christique rappelle que l’homme ne peut atteindre le divin qu’en acceptant d’abord la plénitude de sa nature humaine.
Notre vocation nous invite à l’unification personnelle. C’est le sens de l’incantation : « prendre soin de tout l’homme »…
Le deuxième mot prononcé le jour du lancement du courant, c’est celui de « bienveillance ». Une des plus belles vertus qui recherche dans chacun des hommes, l’être unique qu’il représente. Malgré ses faiblesses, ses limites. La bienveillance permet d’envisager la relation humaine sans condescendance, dans l’échange profond et véritable. « Prendre soin de tous les hommes… »
C’est à chacun de nous qu’il revient de faire vivre ces valeurs. L’écologie humaine est donc d’abord une responsabilité personnelle.
A chacun de se former pour, par une raison éclairée, mettre en adéquation ses pensées et ses actes.
Que les souffrances, les limites soient davantage un souffle qu’un emprisonnement.
Que nous ne nous laissions pas enfermés dans le tout technique qui déshumanise, mais dans la science qui guérit.
Laissons Prométhée nous apporter les lumières de la science, mais que porteur de Lumière, il ne devienne pas Lucifer. Pour éviter cet écueil, restons enthousiastes !
-
Commentaires
C'est une très beau projet de construction, j'adore les objets anciens et le concept du projet. Bonne continuation.