• Face à la crise, penser, agir, vivre autrement en démocratie.

    Dans notre chronique sur le consumérisme, nous avons souligné la nécessité de "promouvoir de nouvelles manières de vivre ensemble". Dans cette perspective, voici de très larges extraits d'un texte tiré du site "Démocratie et spiritualité"

    Sur ce site, retrouvez l'intégralité du texte  et d'autres ressources.

    Extraits :

    Introduction

    Inspirés par le succès du Pacte écologique, plusieurs mouvements et associations ont rejoint "Démocratie et spiritualité" pour élaborer un Pacte civique. Rassemblés autour des impératifs de sobriété, de justice et de créativité, ils appellent, face à la crise, à penser, agir et vivre autrement en démocratie. Le Pacte proposera des engagements individuels et collectifs et interpellera les responsables politiques avec des idées pour rénover la démocratie.

    Face à la crise : un appel à penser, agir, vivre autrement en démocratie

    La crise ouvre une nouvelle époque en France, en Europe et dans le monde. C’est une conviction autour de laquelle un collectif d’associations s’est constitué dans un double but : analyser et agir ensemble.

    A ce stade, ses réflexions et propositions s’articulent autour des quatre points suivants.

    1 - Une crise qui vient de loin et qui ébranle nos certitudes.

    La force et la brutalité de la crise, évidentes pour tous, ne doivent pas nous leurrer : elle vient de loin. Elle est le résultat de tous les défis non affrontés, de tous les avertissements non entendus, de tous les déséquilibres accumulés, de toutes les démesures tolérées, donc de tous les changements qui n’ont pas été faits à temps.

    Il est question de la crise ; or, elle en additionne au moins trois, ce qui explique son ampleur particulière : la crise sociale, due au chômage, à l’exclusion, à la précarité, aux inégalités extrêmes, qui sévit depuis longtemps ; la crise écologique, de mieux en mieux perçue, mais qui se développe plus vite que les moyens, insuffisants, mis en œuvre pour y parer ; la crise économique et financière enfin - qui aggrave l’ensemble - largement due à l’appétit immodéré pour l’argent et pour la rentabilité à tout prix.

    Ces crises, aggravées par le laisser-faire individualiste qui les a accompagnées, sont l’expression d’une crise culturelle de nos sociétés.[...]

    Cette crise nous conduit à revisiter nos certitudes à travers une triple prise de conscience :

    - conscience des limites de la nature : on ne peut prélever indéfiniment des ressources finies,

    - conscience des limites de l’intérêt personnel, mis en compétition avec celui d’autrui : les intérêts égoïstes sont sources d’inégalité et leur somme ne garantit pas l’intérêt général,

    - conscience des limites de l’accumulation des désirs de tous ordres produits par les systèmes en place qu’elle n’a plus les moyens de satisfaire.[...]

    2 - La crise oblige à mobiliser des potentiels humains mal reconnus mais disponibles.

    [...] On assiste à une prolifération d’initiatives, à l’émergence de nouvelles formes de militances, à une accélération des changements de comportement et à une montée d’aspirations nouvelles, notamment dans les jeunes générations particulièrement sensibles aux injustices et contradictions découlant de nos modes de vie et de gouvernance.

    - face à la crise écologique, le rapport à l’environnement, au gaspillage, au traitement des déchets, aux produits « bio » évolue ; devant à la crise de l’énergie, des énergies renouvelables sont promues et des économies d’énergie recherchées ; sur le plan politique, un Pacte Ecologique a conduit au Grenelle de l’environnement ;

    - les personnes sont encouragées « à travailler sur elles-mêmes », à sortir de leur individualisme et de leur « quant à soi » pour fraterniser et pour innover ;

    - face au chômage, de nombreuses associations de solidarité se sont créées et les principes de fonctionnement de l’économie solidaire retrouvent une nouvelle vigueur ;

    - des entreprises prennent conscience de la nécessité d’élever le niveau de leur responsabilité sociale et écologique tandis que l’économie sociale et solidaire ressent la nécessité de prendre un nouvel élan.[...]

    Plus largement, c’est un nouvel état d’esprit qui est en germe, avec la recherche non seulement de la « qualité de la vie », mais aussi de nouveaux modes de vie et de relations humaines plus vraies, y compris avec les moins chanceux ou les plus vulnérables.

    Ce sont autant de points d’appui pour sortir de la crise.

    3 - Les forces humanistes, spirituelles, religieuses et politiques doivent œuvrer ensemble.

    [...] Quant aux religions, lorsqu’elles évitent les dérives sectaires et communautaristes, elles peuvent constituer une force de dépassement pour les plus fragiles, de modération pour les plus solides et de solidarité pour les plus entreprenants.[...]

    Si l’économie, pas plus que l’argent, ne fait pas le bonheur - tout en pouvant y contribuer évidemment -, quels sont aujourd’hui, quels seront demain, les ressorts profonds de la société, ses motifs de mobilisation, ses finalités ? Tel est le débat démocratique à ouvrir, de manière la plus large possible, à un moment où la mobilisation traditionnelle autour du pouvoir d’achat ne suffit plus.

    La recherche du bonheur par l’accumulation de l’avoir a constitué l’orientation fondamentale de la modernité ; cette approche, contraire à la plupart des traditions de sagesse dont aucune ne place le bonheur et la joie de vivre dans la possession, a démontré ses limites. Ne faut il pas la repenser en équilibrant mieux l’être et l’avoir, le mode de vie et le niveau de vie, le bien être et le mieux être, avec par exemple comme mot d’ordre : « Autrement, le bonheur ? »[...]

    La crise est en tout cas un appel à penser, agir et vivre autrement. Tirons en les conséquences en engageant une nouvelle démarche, un processus constructif, qui permettent de construire cet appel et de préparer la multiplication de véritables expériences démocratiques du vivre ensemble.

    4- Un Pacte civique pour élargir le débat et rassembler les énergies.

    Retrouver le sens des limites et du possible, articuler liberté individuelle et responsabilité collective, réintroduire du lien entre générations, entre couches sociales et entre institutions et citoyens, focaliser l’attention sur tous ceux qui sont victimes des crises, repenser les rapports entre cultures, lier transformation personnelle et transformation sociale, voici des objectifs à approfondir au regard des trois impératifs suivants :

    • impératif de sobriété, de distinction entre l’essentiel et le superflu, qui va s’imposer sous de multiples formes, avec le risque de dégénérer en austérité imposée aux plus fragiles, s’il n’est pas appliqué en proportion des possibilités de chacun ;

    • impératif de justice qui devra conduire à inventer de nouvelles formes de redistribution pour que le principe d’égale dignité soit effectivement mis en pratique dans un contexte où on ne peut plus compter sur une augmentation rapide des richesses ;

    • impératif de créativité, dont le champ devra s’élargir et porter davantage sur l’écologie, la coopération, les relations interpersonnelles et spirituelles.

    Conscients de toutes ces transformations de la société qui se cherchent, les associations signataires appellent à ouvrir un espace civique où serait débattue la nature de la société française dans laquelle nous vous voulons vivre et que nous voulons laisser aux générations futures. Cela passe par de nouveaux modes et critères de développement et de nouvelles priorités politiques et institutionnelles, mais aussi par une solidarité en actes à l’égard des plus démunis, par un redéploiement et une modération de nos modes de consommation, par une stimulation de nos capacités relationnelles et de nos sources culturelles, par une prise en compte de notre vulnérabilité comme de notre responsabilité à l’égard de la société, de la planète et des générations futures. [...]

    Pour aider à rendre visibles les initiatives en cours et à les fédérer autour d’engagements, à la fois individuels et collectifs, les associations signataires proposent d'initier en France un « Pacte Civique ». [...]

    Questions posées aux adhérents de D&S et extraits des réponses

    L'intégralité du texte avec questions et réponses

    Quels sont les éléments de diagnostic de la crise actuelle qui nous paraissent les plus importants ? 

    Réponse de PB

    Une triple crise :

    Economique qui joue autant comme déclencheur que comme révélateur 

    Morale : une inversion des valeurs :

    Le quantitatif plutôt que le qualitatif

    Le toujours plus plutôt que le toujours mieux
    L’homme au service du profit plutôt que l’inverse
    Le spirituel asservi au matériel ou étouffé par lui

    A la fois un individualisme exacerbé et un corporatisme individualisant (ce qui revient au même) qui se traduit aussi par une communautarisation de la société
    Etc….
    La recherche d’un bonheur toujours fuyant car assis sur de faux semblants

    Et donc une crise de société et même de civilisation

    Élites déconsidérées
    Religions considérées comme rétrogrades ce qui favorise la fuite dans un spiritualisme vécu comme paradis artificiel ou dans des ersatz tels que drogues et idoles
    Ecarts toujours croissants entre plus riches et plus pauvres tant en occident que dans les relations Nord Sud
    Mépris de ce qui est faible et pauvre et donc tendances à l’eugénisme et à la conception de l’homme en kit [...] 

    Réponse de OP

    La crise est plurielle :

    1) Une crise de société :

    - la fin du modèle de développement basé sur une expansion économique sans limite,

    - l’impasse où nous ont menées les valeurs véhiculées et imposées par la société actuelle : pensée unique du culte de l’argent et de l’acquisition de biens matériels comme seule voie de bonheur possible, système de la société de consommation agissant artificiellement sur nos envies et nos désirs, individualisme et égoisme érigés en modèle à suivre pour se réaliser, …

    - les limites du mode de résolution des problèmes qui s’est imposée dans tous les pays développés depuis Descartes : un règne sans partage de l’approche rationnelle. Nous utilisons uniquement notre « cerveau gauche », au détriment du « cerveau droit », siège de notre intuition et d’une approche plus humaniste des choses,

    - toutes sortes de symptômes découlent de cette crise de société :

    - cellules familiales éclatées
    - éducation défaillante et enfants livrés à eux-même
    - tous les problèmes des jeunes : angoisse face à l’avenir, suicides, chômage, tueries dans les écoles, délinquance, drogue, …
    - chute des valeurs morales, explosion de l’incivisme et de la petite délinquance,
    - mise à l’écart et traitement inacceptable de certaines catégories de citoyens (les plus faibles) : les personnes agées, les SDF, les personnes issues de l’immigration et les très pauvres notamment,
    - etc

    2) Une crise économique :

    Ce n’est ni la première ni la dernière crise que nous connaissons, mais c’est la première fois où l’application des remèdes habituels de relance constitue une impasse à court terme : la croissance économique aggrave automatiquement la crise environnementale.

    3) Une crise sociale :

    Conséquence de la crise économique pour ses développements les plus récents, mais c’est une crise bien plus lointaine en réalité, qui est une crise de la justice sociale : creusement des inégalités, chômage structurel, rapacité et confiscation des fruits de l’activité par une minorité d’acteurs économiques et financiers.

    4) Une crise environnementale

    Tous les médias en parlent : je ne reviendrai pas dessus.

    5) Une crise politique

    Cette crise est particulièrement mise en évidence dans la période actuelle, par l’incapacité des pouvoirs en place à résoudre les 4 crises précédentes.
    Par ailleurs, il est clair que nos systèmes démocratiques mis en place à l’issue de la seconde guerre mondiale, souffrent d’une déconnection grandissante entre les citoyens et leurs dirigeants. Nos démocraties ont besoin de trouver un second souffle : la démarche de D et S proposant de féconder la politique par la spiritualité me semble particulièrement répondre à cette problématique.

    [...]

    Quelles propositions majeures souhaitons-nous soumettre au débat public afin d’enrichir la démarche commune du Pacte civique ?

    Synthèse

    La proposition qui revient dans la plupart des réponses, est le changement individuel de nos comportements, afin de pouvoir évoluer vers des attitudes plus justes, plus responsables, plus humaines et solidaires, et plus respectueuses des autres et de l’environnement.

    Puis, les notions de décloisonnement au sein de la société, de développement du civisme (voire même d’un civisme au niveau mondial), et de démocratie participative à tous les échelons (collectivités locales, entreprises, national) sont également souvent citées.

    Comment imaginons nous la suite du processus d’élaboration du Pacte Civique ?

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