Alain LEDAIN - Partages, pensées, réflexions...
Le travail n'a pas été maudit, c'est le sol qui l'a été mais les conditions de son accomplissement peuvent être pénibles de plusieurs manières : fatigue, contrainte, précarité, monotonie, " travail en miettes " , relations conflictuelles, manque de considération…
Toutefois, il est à remarquer que, dans cette pénibilité, la loi de l'Ancien Testament protégeait ceux qui travaillent (les employés) entre autres :
Par le repos
Deutéronome 5 : 14 « Mais le septième jour est le jour du repos de l'éternel, ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bœuf, ni ton âne, ni aucune de tes bêtes, ni l'étranger qui est dans tes portes, afin que ton serviteur et ta servante se reposent comme toi. »
Par le versement du salaire
Deutéronome 24 : 14-15 : « 14 Tu n'opprimeras point le mercenaire, pauvre et indigent, qu'il soit l'un de tes frères, ou l'un des étrangers demeurant dans ton pays, dans tes portes. 15 Tu lui donneras le salaire de sa journée avant le coucher du soleil; car il est pauvre, et il lui tarde de le recevoir. Sans cela, il crierait à l'éternel contre toi, et tu te chargerais d'un péché. »
Lévitique 19 : 13 « Tu n'opprimeras point ton prochain, et tu ne raviras rien par violence. Tu ne retiendras point jusqu'au lendemain le salaire du mercenaire. »
Jérémie 22 : 13 « Malheur à celui qui bâtit sa maison par l'injustice, Et ses chambres par l'iniquité ; Qui fait travailler son prochain sans le payer, Sans lui donner son salaire… »
Dans le Nouveau Testament, le ton de l’apôtre Jacques est celui des prophètes de l’Ancien Testament : « Voici, le salaire des ouvriers qui ont moissonné vos champs, et dont vous les avez frustrés, crie, et les cris des moissonneurs sont parvenus jusqu'aux oreilles du Seigneur des armées. » (Jc. 5 : 4) Et Jésus d’affirmer : « L’ouvrier mérite son salaire. » (Luc 10 : 7)
Jésus ne dit pas " Tout travail mérite salaire. " mais " L'ouvrier mérite son salaire. " car " la personne prime sur le travail, et l'entreprise elle-même, pour être un bon pôle de production, doit d'abord être conçue et vécue comme " une communauté de personnes ".(Cardinal Philippe Barbarin – Archevêque de Lyon)
Concernant les salaires, il est possible de poser quelques grands principes :
Le salaire doit suffire à faire vivre dignement celui qui travaille « sur le plan matériel, social, culturel et spirituel » et couvrir les besoins de la famille.
Il doit tenir compte de la contribution de celui qui le reçoit. Ainsi, une égalité des salaires n’est pas souhaitable car l’effort, le courage, l’esprit de responsabilité doivent être encouragés et récompensés dans les limites de la justice.
Le salaire ne peut faire abstraction de la situation de l’entreprise.
Au plan d’une nation et au sein d’une entreprise, une différence de revenus excessive est insupportable et met en danger la cohésion sociale.
« L’écart constaté aujourd’hui [2009] entre le niveau du SMIC annuel et la moyenne des dirigeants du CAC 40 est de 1 à 298 ! » Henri Ford « expliquait, en 1930, qu’un écart de 1 à 40 lui paraissait correct et acceptable. » (Propos de Jean Kaspar aux entretiens de Valpré 2009)
Au delà des solutions fiscales, les écarts démesurés des rémunérations doivent être résolus par un changement de comportements de certains dirigeants d’entreprises (entre autres). Ceci étant, il est à noter que les inégalités salariales ne sont pas seulement entre dirigeants et salariés mais aussi entre dirigeants : entre le dirigeant d’une entreprise du CAC 40 et celui d’une PME qui, pour pérenniser son entreprise, renonce à son salaire.
Pour éviter la « fracture sociale » du peuple d’Israël, on trouve dans l’Ancien Testament, une loi de remise des dettes tous les 7 ans (Dt 15 : 1 et suivants) et celle de la redistribution des terres l’année du jubilé (Lv 25 : 1-17).
La valeur d’un travail, sa noblesse, la valeur accordée à une personne sont indépendantes du salaire reçu.
Ajoutons qu’il arrive qu’un travail, qu’un engagement donne « des gratifications immatérielles irremplaçables, non monnayables, et [qu’]il serait extrêmement dommageable, dégradant, de tenter de les matérialiser. » (Selon le témoignage de Jean-Baptiste Richardier, cofondateur de « Handicap International ».)
Enfin, la cupidité n’est pas une vertu économique contrairement à l’équité et la justice.
Afin que le travail ne devienne une vanité, ne le vivons pas pour lui-même – comme une fin en lui-même – mais pour remplir notre mandat divin. Et quoi que nous fassions, faisons tout au nom du Seigneur Jésus. (Col. 3 : 17)
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Le travail et la Bible - Le travail, un mandat de Dieu pour l'homme